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11 septembre 2010 6 11 /09 /septembre /2010 15:35

Histoire de comprendre

 

7 Janvier… !

 

Par Ta Prom

 

 

Article publié dans la revue Moulkhmer, n° 156, Août 1997 – Valeur actuelle.

 

 

Dans la mémoire des peuples, il est des dates qui rappellent des faits et évènements importants de leur histoire nationale. C’est le devoir des responsables politiques et des historiens de rappeler aux générations futures le passé ancien et récent.

 

S’agissant des dates historiques, on n’est pas toujours certain de recueillir l’unanimité et de consensus sur leur sens et leur portée. Chacun à sa propre vision des faits. A chacun sa vérité. Des polémiques ne manquent donc pas de s’alimenter dans ce genre de débat où se mêlent la passion et les arrière- pensées. Elles sont d’autant plus virulentes que le rapport de force entre partisans et adversaires semble à peu près égal.

 

Les récentes polémiques entre les deux partis au pouvoir à Phnom-Penh à propos de la fête du 7 janvier viennent ajouter un nouvel élément de tension au sein de la classe politique. Pour Hun Sen et ses amis ex-communistes, le 7 janvier marque la victoire du peuple khmer sur la barbarie (sous-entendu khmer rouge). C’est donc une fête de libération, une journée de gloire. Ce que réfutaient le Parti du Prince Ranariddh et celui de M. Son Sann, non par sympathie pour les Khmers Rouges, mais pour condamner l’intervention vietnamienne et défendre la souveraineté nationale. Le 7 janvier n’est donc pas la libération du peuple khmer, mais plutôt son asservissement sous le joug étranger.

 

Au-delà des polémiques qui agitent actuellement le microcosme phnompenhois, une double interrogation s’impose. La première concerne l’acharnement avec lequel Hun Sen et ses amis entendent commémorer le 7 Janvier. Bien sûr, c’est leur victoire sur Pol Pot. Les Vietnamiens, eux aussi, en étaient fiers, puisqu’ils en étaient les artisans. Tous deux n’entendaient guère se faire oublier facilement. Les Cambodgiens, dans leur immense majorité, affichent-ils à ce sujet la même volonté et le même état d’esprit que leurs ex-dirigeants communistes ? Ce n’est pas certain. Certes, ils souffraient beaucoup sous Pol Pot, et c’est tout à fait normal qu’ils voulaient s’en débarrasser pour recouvrer la liberté et une vie normale. Mais, sortir de l’enfer khmer rouge pour entrer ensuite dans un autre enfer communiste, de surcroît vietnamien, n’est jamais rassurant pour les Cambodgiens. Entre la peste khmère rouge et le choléra vietnamien, il n’y a pas de comparaison possible. L’un comme l’autre est mortel pour le Cambodge. Le premier, en détruisant tout et en ne construisant rien de meilleur à la place, ruinait complètement le pays, et hypothéquait gravement son avenir. Le second, en intervenant au Cambodge en violation des règles internationales, avait assurément obéi à ses propres intérêts, la libération des Cambodgiens du génocide n’étant qu’un prétexte. En tout état de cause, le 7 Janvier compte beaucoup plus pour le régime d’Hanoï, pour Hun Sen et ses amis ex-communistes que pour les Cambodgiens. Ces derniers ont d’autres préoccupations, autrement plus urgentes. On pense à l’insécurité et à la précarité dans leur vie quotidienne.

 

La seconde interrogation porte sur l’attitude du Prince Ranariddh, chef du FUNCINPEC. Si, comme disait un philosophe, l’histoire est écrite pour les vainqueurs, on ne comprend pas pourquoi le Parti du Prince Ranariddh qui gagnait les élections de 1993 ne parvenait-il pas à décréter que le 7 Janvier ne peut être une fête nationale ? En principe, il appartient à la représentation nationale de conférer le caractère national à une fête. Pourquoi l’Assemblée nationale khmère, dont la majorité est composé de députés n’appartenant pas au camp de Hun Sen, ne décrétait-elle pas que le 7 Janvier ne peut être un jour férié ? On aimerait connaître les raisons d’une telle carence.

 

Si Hun Sen et ses amis voulaient fêter le 7 Janvier, cela n’a rien de surprenant. Ils pourraient parfaitement le faire. Mais entre eux, et à titre privé ! Qu’ils obligent tous les Cambodgiens à les suivre dans cette voie, c’est foncièrement antidémocratique.

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