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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 07:05

N°21 : Règne de Sdach Kân (1512-1525)

 Le commencement de la fin

 Avertissement : Cette histoire est romancée pour rendre vivant les évènements du passé.

Après sa défaite, Sdach Kân regagnait son quartier général de Srey Santhor (Preak Pou) avec son armée de campagne. Le Général Kao, son oncle, retournait à la capitale Sralap Pichey Nokor. Sa mission est de lever une nouvelle armée en vue de poursuivre la campagne militaire contre Preah Chanreachea. Avant de se séparer de son Auguste neveu, Keo cherchait à réconforter ce dernier de sa présence à Basane : "Srey Santhor est notre source de pouvoir. Majesté, vous êtes né, grandi et devenu roi ici. La population de cette province vous aime bien. En plus la forteresse de Basane est imprenable. Vous êtes donc en sécurité ici. Je pars à Sralap Pichey Nokor pour quelques mois seulement, le temps nécessaire pour trouver des vivres pour nos soldats et de lever une armée pour une nouvelle campagne militaire. Preah Chanreachea n'oserait pas de vous attaquer, parce qu'il n'eût pas le courage de venir à Basane qui est notre fief".

Après la débâcle des troupes de Kân, Preah Chanrachea venait s'installer à Odong. Il était accompagné par ses quatre généraux de renom, Déchau, Monomontrey, Reachmétrey et Sok.

Quelques jours plus tard, Preah Chanreachea fut informé que Kân n'est pas retourné à sa capitale et il se réfugiait à la forteresse de Basane avec 20 000 hommes et un corps de cavalerie de 500 chevaux, mais dans ce refuge, il est privé de l'appui de son oncle, parce que celui-ci est reparti à la capitale avec son armée. Ayant su cette nouvelle, Preah Chanreachea convoqua les membres de son conseil de guerre pour chercher avec eux une réponse à cette situation. Après avoir examiné toutes les solutions et la motivation de Kân évoquées par ses lieutenants, il décida de poursuivre l'offensive contre son adversaire. Il disait à ses généraux dans les termes suivants : "Basane est sans doute le fief de Kân, mais il a été aussi l'ancienne capitale royale de ma dynastie. C'est ma famille qui a fondé cette ville. Je veux donc reprendre cette ville symbolique, juste pour montrer à la population du pays que mon mérite (au sens bouddhique) est supérieur à celui de Kân".

Après quoi, Preah Chanreachea dépêcha donc le général Yousreachea à Prey Veng pour contraindre Kân coupé de ses arrières et demanda à Sok d'élaborer un plan d'attaque de la forteresse de Basane, l'avant-poste de l'armée de dragons. Après avoir présenté son plan de campagne et approuvé par le Roi, Le Général Sok partait à Preak (canal) Liv Ti Bei pour préparer sa campagne militaire. Une semaine plus tard, au petit matin calme avec un souffle de vent rénové qui annonce l'arrivée de la nouvelle saison, Sok, le fils de Neak Ta Kleing Moeung, à la tête de son armée, traversait le Mékong pour mission de capter Kân, mort ou vivant. Aux bords de l'eau, la colonne de marche s'étire à plusieurs kilomètres et remonte vers le nord du pays. L'avant-garde, composée des meilleurs soldats, cuirassés, armés des épées, des Phkā'k (haches), et des unités des armes à feu, se lance en avant comme une allure de lion en chasse de sa proie. Elle est suivi de près par des chars de guerre et des charrettes de transport de vivres et matériels de campagne et des éléphants. L'arrière-garde, composée des archers et des troupes défensives, armées de lances et de boucliers. Sok, juché sur son l'éléphant, porté sur la tête d'un chapeau de général, sa poitrine est recouverte d'une cuirasse, avec un Phkā'k à la dextre, se trouvait au milieu de la colonne de marche. Vingtaine de cavaliers étaient autour de sa monture. Ce sont des agents de transmission et de maintien de la discipline militaire. Chaque cavalier portait sur son dos un petit étendard de longue hampe, décoré des divers motifs d'images qui indiquent le rôle de chacun sur le théâtre de guerre.    

Arrivé à Basane, Sok ordonna à ses troupes d'attaquer la citadelle de la ville pour tester la capacité de défense d’ennemis. Sa surprise est totale. À chaque assaut, ses soldats furent repoussés par des tirs de canons depuis des embrasures de la fortification, des flèches et la charge de la cavalerie des assiégés. Ils n'arrivèrent même pas à approcher des mâchicoulis et contrescarpes, dont la hauteur est plus de cinq mètres. En outre, Sok constata que Kân ne manquât pas de tenter de fréquentes sorties de la nuit pour inquiéter ses troupes. Il sait que l'attaque inopinée, dans la nuit, est toujours favorable à ceux qui le font, et dangereuse et terrible pour ceux qui l'essuient.

Ces résistances inattendues obligeaient Sok à lancer des assauts d'envergure contre la défense d'ennemis pour leur montrer qu'il dominât la situation. Mais les résultats étaient désastreux : Le nombre de morts et des blessés dans son rang augmente de plus en plus. Le pire est que Sok était incapable de déterminer la partie de la citadelle contre laquelle il voulût diriger son attaque principale. Son espoir de pouvoir gagner la bataille s’évapore. Après un mois de combat acharné, Sok se rendait à l’évidence. Il faut qu'il demande des renforts et davantage d'engins de projectile pour casser les remparts de la citadelle. Il a sans aucun doute besoin des effectifs complémentaires pour environner entièrement l'enceinte étendue de la forteresse. Il envoya donc une missive pour informer son roi de ses difficultés rencontrées et de lui demander ce dont qu'il eût besoin. Celui-ci se dépêcha d'expédier un corps de fantassins à Basane, lequel était commandé par le frère de Sok, le Général Moha Tep.

Renons un peu en arrière, au cours d'une contre attaque des assiégés, les troupes de Sok n'avait pas pu empêcher un détachement de cavalerie de Kân de briser le siège. Pendant sa sortie de la citadelle pour soutenir les fantassins, ce détachement avait enfoncé trop en profondeur dans la ligne d'ennemis, à tel point, qu'il ne pût plus revenir en arrière. Le chef de ce détachement, qui était le neveu de Kân, nommé Phat, se rend compte de cette situation un peu trop tard. En revanche, Phat avait bénéficié de la confusion de l'arrière-garde d'ennemis. Personne ne peut imaginer que les ennemis se trouvent là. Quand les soldats de Sok avaient aperçu les cavaliers de l'armée de dragons à cent mètre d'eux, c'était déjà aussi trop tard pour eux d'organiser efficacement le barrage pour les empêcher de sortir de l'encerclement. Phat, un chef expérimenté, avait compris vite de son avantage exceptionnel, mais pour profiter de cette situation, il faut que ses hommes soient déterminés à gagner. Avant d'affronter le choc décisif, Phat avait fait une brève déclaration :

" Soldats, voilà la lutte pour la vie et la mort. La victoire dépend de vous : elle est nécessaire. Elle nous épargne notre vie afin que nous puissions retourner auprès de nos femmes et nos enfants à Sralap Pichey Nokor ".

Après cette déclaration pathétique, Phat avait ordonné à ses cavaliers d'attaquer la ligne d'ennemis pour frayer le chemin de sortie. La charge de la cavalerie était épouvantable pour les jeunes soldats de Sok. Certains d’entre eux n'avaient jamais vu la lutte entre le cheval au galop et l'homme. L’animal dompté pour le combat flaire un ennemi par trace olfactive. Son agressivité s’anime quand il se sent que son maître soit en danger. Il lutte par instinct pour son maître et son soigneur. Après un quart d’heure de combat, Phat gagna la partie. Il brisa le barrage d’ennemis et s’en alla en abandonnant la moitié des corps de ses hommes, morts, blessés ou vivants aux ennemis en colère. Une fois sortie de l’enfer, Phat et ses cavaliers survivants se filèrent à Sralap Pichey Norkor. Ils traversèrent la ligne d’ennemis sans difficulté, parce qu’ils connaissaient tous les chemins de leur territoire. Arrivé à la capitale, Phat, prince de l’Ouest, alla voir son grand-père, le général Kao pour l’informer de la situation militaire à Basane.                   

Ayant appris cette nouvelle, Kao tremblait d’apprendre le danger de son neveu royal. Il convoqua ses généraux au son des tambours de guerre pour qu’ils rassemblassent leurs soldats en repos depuis déjà plusieurs mois. Après quoi, il confia la garde de la capitale au beau-père de Kân, le général Hèng, et à la tête de ses troupes, il marcha sur Basane. Cette marche militaire ressemblait plutôt à un envol de dragon en colère, elle brisa le barrage militaire du général de l'Ouest, Yousreachea, sans faire beaucoup d'effort et arriva en une semaine à Basane. Kao, un roturier, devenu prince de l'épée, fit installer son quartier général en face de Sok. Pour montrer sa puissance aux ennemis, fatigués d’être toujours sur la brèche, il ordonna à ses troupes d'armes à feu et des archers d'attaquer immédiatement les camps d'ennemis. Le son de tambours, les sérénades des armes à feu et les cris des soldats des deux côtés se propageaient jusqu'à la chambre de Kân et réveillèrent ce dernier en pleine sieste. Il sortit de la pièce et chercha à comprendre d'où vient ce tohu-bohu. Son aide de camp lui informa que Samdech Kao était arrivé avec son armée à la porte de la cité. Ces bruits sont des échanges d’armes à feu entre les troupes de Samdech et celles de Sok. Ayant appris cette bonne nouvelle, Kân bondit hors du palais en criant qu'on lui amenait immédiatement son cheval. Après quoi, il sauta sur sa monture et le galopa vers le rempart de la citadelle, suivi par un détachement de garde prétorienne. Arrivé à la porte de l'Ouest, il monta sur la tour de garde pour observer le déroulement de la bataille dans son moucharaby. Quand il voyait les étendards des troupes d’élite de son oncle en mouvement, il était fou de joie. Il donna l’ordre au général de garde de la porte de faire sortir ses troupes d'assaut pour lancer une attaque contre la ligne d’ennemis. La bataille durait quelques heures, après quoi, Kao de son côté donna l’ordre de cesser le combat, quant à Kân sur la tour de garde, il suivait la décision de son oncle.

De retour dans son palais, Kân convoqua les membres de son État-Major pour étudier une nouvelle stratégie qui lui permettra d’en finir au plus tôt l’encerclement d'ennemis. Il disait à ses généraux : « Mon oncle est là, il faut se servir nos avantages numériques pour briser le siège. Il faut que nous soyons prêts à unir nos armes aux siens pour casser la couille de Sok ».

Revenons à Sok. Il fut surpris de l’arrivée de Kao sur le théâtre de guerre. Dans ce siège, il a commis une erreur fatale, non seulement il ne parvenait pas à détruire l’adversaire, en outre, il laissait Kao de venir pointer tranquillement devant sa tente avant même l'arrivée des renforts. Maintenant, il fallait qu’il attende le pire, parce que les ennemis sont deux fois plus nombreux que son armée.

Ce qui devait arriver arriva. Après deux jours de repos, Kao lança des attaques d’envergure. Kân de son côté faisait autant. Les deux voulaient, forts de leur immense supériorité numérique, casser l'avant-garde et l'arrière-garde de Sok. En quelques heures seulement, l’armée de Sok se trouvait au milieu des ennemis. Les assiégeants sont devenus assiégés. Sok voyait le danger, parce que ses parapets furent cassés en confettis et tous ses hypogées de défenses allèrent à vau-l'eau.  Sur le dos son éléphant de commandement, Sok donna l’ordre à ses troupes de battre en retraite par le flanc gauche. Cette retraite était rangée dans le meilleur ordre, soit pour la contre-attaque, soit pour la marche. Mais il laissait davantage d’espace aux troupes de Kân d’avancer pour rejoindre celles de Kao. La jonction entre ces deux troupes ne va pas tarder à se réaliser, c’est seulement une question de temps. Dans cette situation désespérée, Sok se posa la question : Comment ? Il faudrait arrêter le déferlement des soldats de Kân dans sa ligne sans avoir sacrifié d’un grand nombre de vies de ses soldats ? Non, la vie d’abord, la flétrissure ensuite. Ainsi, Sok laissait partir Kân avec le cœur contrarié.   

Parlons un peu du siège de Banteay (fortification) Basane, durant lequel, le Général Sok a commis une erreur. Pendant la période de siège, Sok n'a pas organisé ses attaques pour mettre les assiégés en danger permanent, c'est-à-dire il n'est guère susceptible de repos. Trois corps de troupes auraient dû être monté pour harceler les ennemis toute la journée et tout temps : Commencer l'attaque avec le premier corps, et ordonner au second d'être prêt et en réserve, et au troisième corps de prendre du repos. Le premier attaque le matin et il le fera retirer et relever par le second de l'après-midi et le troisième prendra la relève su second corps pendant la nuit. Par cette succession de troupes fraîches, elles peuvent toutes se reposer, et les attaques se continuer sans intervalles. Cette méthode permet d'user les ennemis. Mais Sok a choisi une stratégie de prudence en croyant qu'il soit en face d'une armée principale ou royale de Sdach Kân, donc aucune chance de gagner la bataille par l’affrontement direct. Il a opté une stratégie d'encerclement pour affamer les ennemis dans leur retranchement et de blocus fluvial pour empêcher des vivandiers d'approcher le port sous contrôle d'ennemi. Il pense que le temps travaille pour lui.

Revenons à Sdach Kân. Il avait réussi sans doute son coup comme par miracle, mais dans sa fuite, il en perdait tout bagage de son armée. Kao sur son cheval observait la réussite de son neveu avec joie. Quand il le voyait sortir complètement de la nasse de Sok, il donnait l’ordre de sonner la retraite de ses troupes. Il galopa son cheval à la rencontre de son roi. Kao, dans un entretien bref avec son roi, il conseilla à ce dernier de poursuivre la retraite avec un corps d’élite de cinq mille hommes. Il avait choisi l’itinéraire pour son roi. La colonne devait passer par Prey Romlaug, une vallée morte couverte de bois avec une distance parcourue à peu près quatre kilomètres et une largeur à peine deux cents mètres. Un passage secret, mais c’est un chemin raccourci pour aller à la capitale de l’Est. Quant à lui, il décida de rester avec sa cavalerie et ses troupes pour ralentir la poursuite d’ennemis.

Au moment où Kao était occupé à dépiauter la situation militaire et à délibérer le plan de retraite de toutes les unités de l’armée, un officier vint annoncer l’arrivée de la cavalerie d’ennemis, laquelle était commandée par un officier de renom dans le rang de l’armée de l’Ouest, nommé Pèn dont Kao entendait parler de lui à plusieurs repris aux champs d’honneur. Ayant appris l’arrivée Pèn, Kao monta sur son cheval, avec rage écumante, et à la tête de son escorte de cent hommes, part à la rencontre de son ennemi. Vu Kao de loin, Pèn lui crie dessus : « Ton armée de Dragon est en fait une bande de lâche…". Pèn n’avait même pas eu le temps de finir sa phrase, soudain son cheval tombait violemment par terre, parce qu'une de ses pattes a été coincée dans un trou. Dans cette chute, le corps de Pèn se jeta à plusieurs mètres de sa monture.  Celui-ci s’efforça de se lever difficilement de cette chute inattendue, mais la lance de Kao ne lui laissait pas la chance de vivre encore longtemps. Touché en pleine poitrine, Pèn n’avait même le temps de sentir le choc, il retomba et mourra sur le coup. Kao avait bien réussi son exploit. Ses soldats ovationnaient de cette victoire inattendue. Quant aux hommes de la victime, ils décidaient d'abandonner la partie contre les ennemis irrités du succès de leur général.

Après cette victoire, Kao retournait à son camp de campagne et ordonnait à toutes les unités de l'armée de retourner à la capitale, bien entendu, une arrière-garde de 10 000 hommes avait pour mission de couvrir cette retraite. Après quoi, il allait rejoindre son neveu à la vallée de Prey Romlaung.

Revenons un peu en arrière pour parler de la bévue du général Kao, d'esclave devenu Premier Ministre et Chef des Armées du Royaume de l'Est. Après la défaite de l'offensive de Sdach Kân contre Preah Chanreachea, au lieu de conseiller de son roi de retourner à la capitale pour décompresser de cette défaite, il demandait au dernier de rester à Basane. À ce moment-là, Kân devenait une proie pour Preah Chanreachea. Celui-ci n'attendait que cette aubaine pour poursuivre son offensive contre son ennemi juré et l’assassin de son frère, parce que Banteay Basane n'est que quelques jours de marche seulement de son quartier général. Dans cette décision, Kao avait mis son Roi en péril et avait aussi divisé ses forces armées en deux corps devant la force d’ennemis. Le premier corps reste à Basane, le second part à la capitale avec lui. Oui, nous le savons que Kân partage aussi la stratégie de son oncle, parce qu'il ait une conviction que Preah Chanreachea dans cette guerre ne se contente que de repousser seulement la pénétration de son armée dans son territoire.  

Revenons maintenant à la vallée de Prey Romlaung. Kao envoyait ses éclaireurs pour observer l'ennemi dans la vallée. Ils revenaient lui rapporter l’information que le passage était vide de vie des humains. À la tête de ses troupes d'élite, Kao s’engagea en avant-garde dans la vallée. Kân le suivit après, et une arrière-garde, composée des meilleurs soldats, fermait la colonne. Celle-ci s'avançait lentement et sans faire de bruit inutile, mais dépourvue de protection des deux flancs, gauche et droite, parce que la largeur de cette vallée ne permet pas d'organiser cette assistance.

Revenons à Moha Tep. Quand celui-ci partait de Phnom-Penh, sur ordre de Preah Chanreachea, pour venir en aide à son frère à Preak Pou, il traversait les fleuves avec ses troupes à Reussei Kaev. Ensuite il prenait la direction de Vihear Sourk pour remonter vers Preak Pou. Pendant ce trajet, il trouvait par hasard la vallée de Prey Romlaung. À ce moment-là, il parlait de ceci et cela à son chef des opérations militaires : Si j’étais Sdach Kân, je passerai par cette vallée pour retourner à ma capitale, parce que c’est le passage idéal pour passer incognito en sortant Beung Veal Samnap.  Après quoi, il ajouta : "Mais c'est aussi un endroit idéal pour mettre en embuscade et je veux que tu en mettes une ici, parce qu’on ne sait jamais, mon ami". Le pressentiment de Moha Tep est comme une sorte de voix d’un mort qui vienne dévoiler l’idée de Kao. Mais, le tort de Tep, c’est de ne pas en prendre au sérieux.     

Reprenons la suite notre histoire. Dans la vallée de Prey Romlaung, les soldats de l'armée de dragon rivaient leurs yeux sur les pentes de collines boisées des deux côtés du chemin. Sous la chaleur de midi, leurs yeux étaient éblouis par les rayons du soleil. Il y avait un silence de mort dans la vallée, on entendait doucement les bruits des pas de soldats et de sabots des chevaux. Soudain, un bruit de craquement des branches d'arbres venant des bois, et ensuite celui des tirs d'enfilade des armes à feu et des flèches. Plusieurs entre eux étaient touchés par ces projectiles. Quelques minutes à peine, une centaine de corps jonchaient déjà au sol coloré de sang. Mais, Kao, placide sur son cheval, ordonna immédiatement à son escorte de tourner bride pour rejoindre son neveu au milieu de la colonne. Dans cette attaque aérienne, Kân était mis immédiatement à l’abri par sa garde rapprochée. Malgré cela, il commença à perdre son sang-froid et se mit à pleurer, juste au moment de l’arrivée de son oncle. Vu la détresse de son neveu, Kao n'hésita plus à morigéner, non pas à son souverain, mais au fils de sa soeur : "Le roi ne pleure pas devant la mort. Reprenez vos esprits. Vous et moi, ensemble, nous pourrons vaincre l'ennemi". Kao ordonna à son arrière-garde de sortir le plus vite possible de la vallée pour libérer le chemin de sortie pour le Roi. Kao ne cherchait pas à affronter des ennemis invisibles pour ne pas perdre le temps de quitter la vallée. Son objectif était d'évacuer d'abord le souverain qui était dans le pétrin. Il savait que les ennemis n'étaient pas nombreux, parce qu'après les tirs, ceux-ci ne lançaient pas d'assaut. Ne voyant pas paraître l'armée ennemie en nombre sur des collines, Kao faisait un constat que les assiégeants aient commis plusieurs erreurs tactiques d'embuscade : Il n'y a pas une attaque principale dirigée contre sa colonne et il y a aussi une absence totale de frappe contre son arrière-garde pour bloquer la sortie. Cette embuscade soit sans doute une opportunité pour l'armée de l'Ouest de capter son roi mort ou vivant, mais son auteur ne lésinait pas sur les moyens, conclut le général Kao. Pour cette raison, l'arrière-garde de l'armée de dragon n'avait pas beaucoup de difficulté de sortir de cette vase piégée par les ennemis. En une demi-heure de lutte, Kân était extirpé du péril, au prix, bien sûr, de centaine de morts et blessés abandonnés dans la vallée. Le général Moha Tep avait eu une bonne intention, mais il n'y croyait pas beaucoup. Pour cette raison, l'embuscade de Prey Romlaung fut montée avec peu de moyens. Tep fut informé que Kân était dans sa nasse pendant une bonne demi-heure à Prey Romlaung, mais le piège n'était pas assez solide pour lui empêcher de s'échapper. Cette nouvelle excite la colère de Moha Tep. Bon sang ! dit-il. J'ai fait une sacrée bêtise ! je mérite sans doute d'être mis à mort par le roi. Ayant entendu ce dépit, tous les officiers firent diligence pour consoler leur général. Tep jurait devant eux qu'il poursuive la fuite dare-dare de Sdach Kân jusqu'à sa tanière. Il disait à l'officier qui fut chargé de cette mission dans les termes suivants :  "tu n'as pas besoin d'armes et de bras, alors que les jambes les plus rapides suffisent contre ce lâche qui depuis toujours cherche à fuir".

Revenons à Kân et Kao. Après la bataille de Prey Romlaung, ils décidaient en chemin de fuite d'aller s'établir à Baphnom. Mais tout le long de leur retraite, son armée était poursuivie et harcelée jours et nuits par les troupes de Moha Tep. Sur cette nouvelle, Preah Chanreachea envoya un messager pour ordonner à Moha Tep d'arrêter de s'emporter dans la poursuite d'ennemis. Le message royal était le suivant : "On ne fait pas la guerre avec la colère. Toute entreprise formée avec la colère est plutôt d'un téméraire que d'un homme sage".

À Baphnom, Kân avait un soutien inconditionnel de la population des provinces de Kandaul Chrom, Cheug Bakdèch, Raug Damrey et Prey Norkor. Huit mois après, il décida de venir s'établir à Thaung Khmoum, parce que Baphnom était tout près des frontières des Annamites, il pense qu'en cas d'attaques de ceux-ci, il n'ait pas le temps suffisant pour organiser la défense.

L'ambiance à Thaung Khmoum était exécrable, parce que les généraux se chamaillaient entre eux sur les sujets de construction de forteresse. Kân donna le nom de son nouveau quartier général, Banteay Sralap Pichey. Cette forteresse avait quatre portes et chacune portait un nom, et était défendue par un général. La porte du Sud, appelée Snang Trõnc où Kân fit construire un centre d'entraînement militaire. Tvir Raug était le nom de la porte de l'Est. À cet endroit, Kân fit construire les abris pour les éléphants de guerre. La porte du Nord, appelée Tvir Trach, était un centre commercial pour la conurbation de Thaung Khmoum. La porte de l'Ouest, appelée Tvir Chak, était les champs de revue militaire. Au centre, une grande pagode fit bâtir pour abriter une grande statue de Bouddha en fer de couleur noir. On l'appelait Preah Kmao (Le Bouddha noir). À la porte du Nord, la première dame, Pha Lèng, fit ériger une pagode, appelée Vat Kor. Kân fit construire une route qui menait à la province de Raug Damrey. Pour Kân ce parcours avait deux fonctions : Une ouverture à la mer pour les besoins militaires et pour ses loisirs. Raug Damrey était un port maritime et une station balnéaire pour Kân et sa famille.

 

La suite dans le prochain numéro.
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